La construction de logements n’a jamais autant été sujet d’intérêt suscitant des désaccords hormis au volet social. L’insatisfaction gagne le monde de l’entreprise.
Malgré l’ambitieux plan de construction en Algérie et le matelas de 40 milliards de dollars dédié au logement, qui constitue la priorité du gouvernement durant ces deux dernières années du troisième plan quinquennal 2010-2014, la prise de part à la construction en Algérie divise les Européens. Après le désintérêt affiché par la France, voici celui de la toute puissante Allemagne qui s’exprimait à ce sujet à travers des journées sur le bâtiment et infrastructures organisées par l’AHK en avril dernier. La construction de logements n’a jamais autant été sujet d’intérêt suscitant des désaccords hormis au volet social. L’insatisfaction gagne le monde de l’entreprise d’étude et de construction aussi bien les entreprises étrangères que les nationales privées exclues par les règles jugées contraignantes qui se sont exprimées ces derniers temps par différents canaux. On notera même la montée au créneau des pays “bénéficiaires” de quotas importants de gré à gré dans le cadre de partenariats.
A commencer par ceux qui se sont désintéressés totalement à la prise de part à la construction du logement. Malgré le changement opéré en 2012 à la tête du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme qui s’en est suivi des me- sures à la faveur du gré à gré pour les partenariats public national et groupe ou société étrangère. Seuls les pays européens en difficulté, touchés par la crise, ont montré leur intérêt. Les pays à la santé financière, comme l’Allemagne, adoptent la position française qui boude le secteur du logement. Les entreprises allemandes et françaises n’y voient pas d’intérêt à investir dans le bâtiment en Algérie. L’objectif de construction de 200 000 logements par an ou le gré à gré semble insuffisant pour attirer le couple franco-germanique.
Le mois dernier, l’AHK a organisé une journée de promotion des relations algéro-allemandes et au menu la promo du Salon Bauma 2013 (1er Salon mondial de l’équipement) et le marché du BTP en Algérie. L’assistance nationale, constituée d’architectes, de consultants en architecture, de promoteurs, de chefs d’entreprise de travaux publics, de bâtiment, venus d’Oran, de Mascara, de Bordj et du Centre, dans le but de rencontrer des entreprises allemandes en vue de conclure des partenariats, a été déçue d’apprendre le désintérêt de celles-ci par le marché, comme nous l’a confié un chef d’entreprise venu de l’Est. Après un exposé didactique du marché du bâtiment présenté par Samir Boukhediche, chef de projet de bâti- ment et infrastructures, c’est au représentant du groupement KSP et KUK, bureau d’étude allemand qui a plu- sieurs références en Algérie, dont la dernière en date la grande mosquée, pour ne citer que celle-ci, d’exprimer clairement que le marché de construction du bâtiment n’intéresse pas les entreprises allemandes. Pour lui, celui-ci est très contraignant par le prix administré au m2 de bâti et de plus trop cadré par une réglementation qui pose problème à ces dernières. Pour l’architecte du groupe KSP, le ni- veau d’exigence du marché algérien n’est pas celui des entreprises allemandes ou de certains Européens ; sinon comment expliquer les derniers accords d’attribution de 100 000 logements aux Italiens, 100 000 autres aux Espagnols et 50 000 aux Portugais. Ces derniers sont contestés par les entrepreneurs privés algériens qui, à leur tour, pensent qu’il n’y a pas de valeur ajoutée aux entreprises en terme de transfert de savoir que de leur attribuer le marché dans sa globalité.
Le logement est actuellement une source de conflit social aussi bien pour les bénéficiaires que pour les constructeurs. Malgré les appels de pied par les dernières mesures prises, à savoir le gré à gré, pour encourager le partenariat, la distribution des pré- affectations avant le parachèvement des constructions pour les bénéficiaires reste le sujet qui occupe l’essentiel de l’actualité.
Les derniers en date, les Espagnols montent au créneau depuis une semaine. Ils demandent l’allègement de la règle 49/51%.
Les entrepreneurs algériens n’ont pas encore dit leur dernier mot. M. Brahim Hasnaoui, un géant régional dans le domaine de l’industrie chimique du bâtiment et de la construction, qui a prouvé sur le terrain ses capacités de construire aux standards internationaux (voir projet Ryad), a lancé un appel aux pouvoirs publics pour libérer l’initiative à l’entreprise algérienne d’aller vers un partenariat volontaire et non de l’imposer aux entreprises publiques, ce qui en soi pour lui n’est pas une solution idoine. En attendant d’autres voies, il est certain que le marché de la construction, en l’absence d’un débat public sur la question des choix, restera un sujet à polémique.