Amilcare Merlo a souligné l’importance de sa présence et celle, notamment, de la Confédération à cette Foire internationale qu’il considère comme le début du renforcement des relations entre des partenaires algériens et des fabricants italiens. “Nous pouvons bâtir un bridge entre l’Algérie et l’Italie”, comme nous l’a affirmé dans cet entretien. A la tête d’une délégation de fabricants italiens, l’intérêt à venir investir en Algérie est clairement exprimé mais beaucoup d’attentes sont aussi espérées, notamment assurer une certaine couverture, maîtriser le phénomène de corruption et faciliter la circulation afin d’enclencher une nouvelle dynamique au niveau de la coopération algéro-italienne, suivons-le : |
Btp matériels Algérie : Quel est votre premier constat à chaud ?
M.Amilcare Merlo : Au premier jour, il y a eu un peu d’attente de la part des sociétés ici présentes que nous avons poussés à venir en Algérie, puis peu à peu, celle-ci s’est dissipée avec la rencontre des Algériens. Pour nous, l’Algérie est un grand pays, et moi personnellement, je pense que l’Italie est un pays très proche de l’Algérie. Il y a, de ce fait, de nombreuses possibilités de faire un travail très organisé avec l’aide du gouvernement. Il est nécessaire d’avoir des accords avec les écoles polytechniques pour faire venir des Algériens étudier et se former en Italie aux nouvelles technologies. Je pense que c’est un vrai bridge entre l’Algérie et l’Italie pour la recherche et le développement ou l’installation de l’industrie des technologies nouvelles. Il ne faut pas être trop intelligent pour comprendre qu’un pays sept fois plus grand que l’Italie avec 38 millions d’habitants et qui demande beaucoup de choses, et de plus a un orgueil national pour faire des réalisations.
L’orgueil suffit-il pour faire avancer l’industrie ?
Il est vrai que c’est une période transitoire ce qui est aussi le cas pour nous les Italiens, mais on est très voisins avec toutes les possibilités pour faire un énorme travail ensemble pour peu qu’il y ait une volonté à faciliter les choses aux investisseurs en éliminant les lenteurs bureaucratiques et en nous facilitant l’octroi des visas afin de circuler et donner une certaine couverture aux industriels qui veulent s’installer ici.
Etes-vous intéressé par vous investir davantage sur le marché algérien ?
Oui, nous sommes intéressés. Le marché algérien est très important pour nous. Il est impératif de se présenter de la meilleure façon qui soit pour répondre à des standards internationaux, à commencer par le commercial jusqu’à la concession. Actuellement nous travaillons avec deux partenaires (A.H.E. dans le secteur BTP et EPE PMAT dans le secteur agricole) et à présent, nous sommes contents des résultats réalisés. Mais le chemin est long, donc, nous devons travailler ensemble pour créer notre marché et aider à la croissance de notre part de marché, parce que les potentialités du marché algérien sont énormes.
D’après vous de quelle façon l’approche industrielle doit se faire, est-ce le partenaire algérien qui doit vous solliciter ou est-ce tout simplement le marché qui le décide ? Autrement dit, qui doit faire le premier pas ?
Je pense toujours que le premier pas c’est le fabricant qui doit le faire. Le fabricant doit savoir ce qu’il doit faire et aussi savoir le demander. Mais aujourd’hui, la priorité est d’abord de développer notre position commerciale. Nous avons convenu avec nos partenaires qui déjà font un travail formidable mais il y a lieu de renforcer notre présence davantage et celle de nos partenaires. La phase industrielle viendra en seconde position. Mais si nous avons décidé de venir en Algérie, je suis certain que nous y resterons longtemps
Qu’est-ce qui vous motive tant à venir, est-ce la concurrence qui vous met à rude épreuve ?
La concurrence nous fait bouger certes, mais il est trop tôt de parler de notre arrivée sur le marché mais ce qui est sûr c’est que nous comptons bien accompagner nos partenaires. En tout cas, il est certain que nous devons être plus Algériens. Nous avons des ambitions sur tous les marchés à travers le monde. Nos produits sont essayés et confirmés à travers le monde par les clients. Malgré la crise, nous avons réalisé une croissance de l’ordre de 8% en 2009 et elle a atteint 30% en 2011. De plus de 30% en 2010 en croissance de production. Ce n’est pas parce que les travaux ont explosé dans le monde mais c’est parce que nous avons mieux travaillé les marchés, nous avons la confiance des clients. Tout cela nous oblige à suivre certains pays en développement. Ce n’est pas le cas uniquement de Merlo, c’est aussi le cas pour d’autres fabricants italiens. Il est important que tout le monde considère le marché nord-africain mais l’Algérie est le plus grand pays de tous et c’est important pour nous les Italiens d’avoir une considération supérieure pour le marché Algérie. Il y a une stabilité politique, les élections l’ont confirmé. Avec cela, on a la confiance d’investir. Mais c’est un travail qu’on ne peut pas faire seul, il faut que la partie algérienne s’implique.
Pour conclure, quel a été la clef de votre réussite industrielle ?
J’ai toujours cru en ce que je faisais. J’ai commencé avec mon père dans un atelier tout petit en 1964, et depuis, on a surmonté même les difficultés physiques auxquelles on a été confrontées. Il faut être optimiste sinon il faut changer de travail, c’est cela ma devise. Merlo, aujourd’hui, est en train de se développer à l’international. En 2012, on est en train de monter 4 filiales industrielles en Russie, en Pologne, en Argentine et au Brésil. On est en train de faire un travail autour du monde. Encore une fois, nous croyons en notre produit et au personnel qui travaille chez Merlo et cela c’est la meilleure présentation. Je pense que l’entrepreneur dès qu’il ne voit plus la possibilité de se développer est de fait mort.
Etes-vous dans l’opérationnel et pouvez-vous nous dire combien emploie votre boutique ?
Je suis hyper opérationnel ; j’ai mes fils qui sont dans la boutique et nous sommes en train d’investir énormément sur une surface de 200 000 m2, et j’emploie actuellement 1 000 personnes.
R. N.