BTP matériels Algérie : Avec la nouvelle offre industrielle d’aménager 36 zones qui s’étaleront sur 8 000 ha, cela va-t-il définitivement me*re un terme à la problématique de la disponibilité du foncier posée jusque-là par les investisseurs intéressés par lemarché algérien ?
Mme HassibaMokraoui : C’est vrai que le foncier a toujours été une des contraintes les plus sévères, etmêmemajeures, pour les investisseurs pour réaliser leurs projets industriels associés à la problématique du financement. C’est pour cela que les pouvoirs publics ont mis en place un dispositif nouveau pour lever ce frein à l’investissement à travers notre agence qui prend en charge le foncier industriel. Et ce dispositif va faciliter l’accès au foncier. Comment ? Primo, en écartant le procédé de vente aux enchères et passer au mode de gré à gré, et généraliser le taux sur tout le territoire national, en second point, le taux d’aba5ement en ce qui concerne la redevance locative. Pour le Nord, le taux d’aba5ement est de 90 % pour la période d’investissement et il passe à 50 % pendant la phase d’exploitation. D’autresmesures plus incitatives à l’investissement sur les Hauts Plateaux et le Sud sont dotées de largesses. A noter que pour le Sud, par exemple, le foncier est proposé à un dinar symbolique le mètre carré pendant une période de 10 ans et au-delà de ce5e période, le taux d’aba5ement est de 50 %. Concernant le Grand Sud (Tamanrasset, Illizi, etc.), le terrain est cédé au dinar symbolique pendant 15 ans. C’est vous dire que l’Etat a fait beaucoup de concessions.
Des largesses au plan financement c’est bien, mais qu’en serait de l’acquisition ?
Là, également, des efforts ont été consentis. Il suffit d’une simple demande au niveau du CALPIREF, un comité d’assistance et de localisation pour la promotion de l’investissement. Les choses sont simplifiées. Chaque wilaya a son CALPIREF, composé du directeur exécutif de l’Aniref, Andi, etc. Ensuite, au wali de concéder l’assie5e à l’investisseur sur présentation de son projet. Je reviens sur les allègements financiers. Le fait nouveau à souligner — à noter à l’endroit des demandeurs — est, par exemple, au lieu de décaisser la totalité du montant de l’assie5e, l’investisseur a juste à s’acqui5er d’une redevance locative annuelle, et cela lui ouvre droit non à une attestation communale mais à un acte de propriété dûment enregistré et lui ouvre droit à divers avantages.
Les avantages financiers que vous venez de citer ont été énoncés dans la LFC 2011 et cela arrive à point nommé avec votre projet ambitieux de 36 zones à lancer. Cela veut-il dire que les choses vont s’accélérer et que des délais vont s’imposer ?
Certes, beaucoup d’avantages financiers (lesmodes de payement, les aba5ements…) sont accordés mais sans la disponibilité du foncier cela n’est pas possible, d’où la décision de développer de nouvelle zones pour équilibrer l’offre et la demande.
Réguler le foncier comme cela, il n’ y aura pas de pénurie et de me5re fin au stress foncier au Nord, comme j’ai tendance à le qualifier, est l’une des priorités à laquelle répondra cet ambitieux projet. En prime nous avons réparti les lieux et ensuite décider de créer 5 sites industriels au Sud, 10 au niveau des Hauts Plateaux et une douzaine au Nord. Je signale que le choix de ces zones ne s’est pas fait par hasard, cela s’est fait avec le concours des autorités locales qui ont exprimé les besoins en fonction des informations du terrain. Réellement, nous avons travaillé sur le terrain avec les divers organismes et en prime avec le premier responsable de wilaya. A notre niveau nous avons développé une critériologie pour classer les sites, en tenant compte du tissu industriel existant, des universités, de la proximité à l’autoroute, des schémas d’aménagement territorial et sectoriel, du rééquilibrage du territoire… Et le dossier a été approuvé au conseil national de l’investissement.
Vous êtes à quelle phase depuis son adoption ?
Nous comptons faire le lancement des études aumois d’octobre selon le calendrier prévisionnel. Ce projet de réaliser 36 zones industrielles n’est pas seulement un ambitieux projet mais plutôt pharaonique. Il implique plusieurs acteurs et secteurs, à commencer par les autorités de wilaya qui avaient la lourde tâche de délimiter les terrains comme d’autres intervenants, à savoir le cadastre, les domaines etc.
Au lancement, nous nous sommes fixé les premiers sites à lancer, en octobre, soit 7 sites et, ensuite, suivront les autres.
Sont-ils déjà localisés ?
Nous nous sommes fixé trois priorités : on commencera par les sites clean, c’est-à-dire dépourvus de tout problème. La seconde priorité sera de démarrer les sites qui nécessitent un peu plus d’études et impacts et, en dernière phase, lancer les sites qui sont touchés par l’expropriation. Mais il y a 7 sites qui sont prêts. Reprendre Bellera, Jijel, reprendre Sidi Belabbès, Hedja qui a été démarré puis délaissé et dont il faut réactualiser les études et reprendre les travaux. Une chose est certaine : en phase de lancement, il y a un équilibre entre régions et, surtout, entre la demande en offres industrielles.
Evidemment, tout cela a un coût. On annonce sur le dernier bulletin de l’Aniref 70 000 milliards de DA…
Evidemment, nous avons évalué cela et un budget a été dégagé pour cela,mais l’essentiel de ce projet n’est pas le fait d’une décision parachutée sur le terrain, bien au contraire, cela a émané d’abord d’un besoin exprimé par les autorités locales.
Justement, avez-vous tenu compte pour le choix des sites selon la demande, ou cela s’est fait par la disponibilité du foncier, car, dans le cas contraire, il ne va pas y avoir d’engouement des investisseurs ?
Très bonne question ; cela a quelque peu été la faille au départ, quand on avait démarré l’agence. Alors, on s’était dit qu’il y avait deux points qu’il fallait cerner : l’offre et la demande. Nous avons plus ou moins réussi à cerner l’offre mais pour la demande cela est très difficile, car celle-ci est éparse du fait que les investisseurs font des demandes un partout ; donc la cerner a été difficile.Mais pour que notre étude ne s’éloigne pas trop de la réalité, nous nous sommes basés sur les déclarations investissements de l’Andi et les immatriculations du Cnrc.Mais,maintenant que les demandes d’assie5e sont enregistrées au niveau du secrétariat du CALPRIG REF, c’est-à-dire le directeur de la PME au niveau de lawilaya, qui dépend dumême ministère, ce qui, en soi, rendra la tâche plus facile dans ce qui viendra.
Avez-vous tenu compte de la proximité des ports et aéroports, une exigence sine qua non, et comment allez-vous convaincre les investisseurs à aller vers l’intérieur du pays ?
Mme Hassiba Mokraoui, directrice générale de l’Aniref BTP matériels Algérie 31 N° 06 / Septembre 2011 Avec l’autoroute Est-Ouest, aujourd’hui, il n’y plus de zones éloignées. Aïn Defla ou Bouira ne sont plus loin d’Alger ; les trajets sont raccourcis, et puis, notre rôle est d’orienter l’investissement utile à chaque région en fonction des spécificités de celle-ci. C’est pour cela qu’on s’assigne à faire du marketing territorial en fonction des besoins et avantages régionaux, ce qui en soi est un facteur de motivation. Djelfa, par exemple, est une région très importante pour la production d’agrégats ; la matière existe et celle-ci est à deux heures d’Alger. Nous avons établi au profit des investisseurs la monographie de chaque wilaya comme c’est fait dans notre site, et actualiser en permanence.
En dernier lieu, nous souhaitons savoir surtout sur ce projet des 36 zones : où commencent vos prérogatives et ou se terminent-elles ?
Notre mission est de réussir ce programme de réaliser ces zones et une fois abouti, a6rer les investisseurs, et ensuite la gérer par l’entretien. Et puis, avant cela, rendre l’information accessible à l’investisseur et, en priorité, faire savoir comment accéder au foncier industriel disponible, combien cela coûte et comment s’enquérir d’une assie5e industrielle. C’est cela notre rôle premier à travers nos divers supports. Depuis notre création en 2007, nous avons établi une monographie par wilaya, une banque de données et unemercuriale actualisée, disponible sur notre site. Nous tâchons aussi deme5re en valeur le foncier au niveau national qui présente quelque fois plus d’avantages à l’intérieur du pays que dans les zones du Centre.
Avez-vous fixé des délais techniques de réalisations et lesmétiers que cela va impliquer ?
Au-delà de son intérêt pour les Pme et de ce qu’elle vont générer, au stade déjà de projet, il a déjà impliqué plusieurs acteurs et d’autres métiers vont être impliqués durant sa réalisation, à commencer par les bureaux d’étude d’architecture, d’aménageurs d’urbanisme, travaux de viabilisation de paysagistes, des espaces d’appui à l’entreprise, les terrains, les travaux publics etc. Quant aux délais, nous sommes fixés pour l’ensemble des 36 zones mais cela se fera en fonction de chaque site qui nécessite entre 18 et 24 mois selon le terrain. A partir d’octobre où on lancera les études, trois sites vont être lancés et selon toute la procédure administrative et autres.
Apres l’autoroute Est-Ouest, projet en tâche en dépit de son envergure par sa classification par initiateur de projet du siècle, qu’en est-il pour la réalisation des 36 zones industrielles ?
L’autoroute Est-Ouest n’est plus au stade de projet, elle est bien là et aujourd’hui, on doit bien en profiter de ce5e infrastructure, qui a notablement réduit le temps. On fait bien trois heures entre Alger-Oran et beaucoupmoins Aïn Defla ; ce qui est bien profitable à y investir en dehors du Centre et de lever — comme je vous l’ai dit plus haut — le stress foncier sur le Nord. Concernant le parallèle avec le projet du siècle pour les travaux publics avec l’autoroute Est-Ouest, c’est encore prématuré de percevoir la dimension de notre projet, et une fois que les premiers sites seront lancés et investis, là, on verra le projet dans sa vraie dimension.