Rattraper le retard accusé dans le programme de la construction de logements et accélérer la cadence de la concrétisation des nouveaux projets pour atteindre l’objectif de 1 200 000 unités avant la fin de l’année 2014 sont, désormais, les idées de base du gouvernement.
Pour ce faire, le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, M. Abdelmadjid Teboune, ne cesse, depuis sa nomination en 2012, de multiplier les rencontres avec tous les acteurs concernés : chefs d’entre- prise, fédérations et confédérations nationales et internationales du secteur du bâtiment. La qualité imposée et le retard qui n’est, désormais, plus toléré mettent un peu plus de pression sur les éventuelles entreprises réalisatrices. Pour réaliser un tel défi, M. Teboune a déjà affiché les règles, en se montrant ferme sur la manière d’y parvenir afin d’éviter une seconde fois l’erreur déjà commise avec les traditionnels partenaires chinois, turques et égyptiens. Entre la fin de l’année 2012 et le début de 2013, l’Algérie a vu défiler plusieurs chefs d’entreprise européens et américains intéressées par la nouvelle stratégie du gouvernement pour la construction de logements. Il est, donc, question de la création d’entreprises mixtes entre des entreprises étrangères et algériennes selon la règle des 49-51%.
Cependant, la nouveauté réside dans l’option de gré à gré qui pourrait accélérer l’accès au marché du bâtiment. Le but de cette facilité est de convaincre et d’attirer le maximum d’entrepreneurs étrangers expérimentés dans le domaine et d’atteindre l’objectif tant attendu. Pour cela, une enveloppe financière de 50 milliards de dollars a été dégagée pour un programme réparti en plusieurs catégories de logements à construire : 800 000 sont destinés aux logements sociaux de l’Etat, 450 000 au type social, 250 000 à la location-vente et 120 000 pour la formule promotion qui intéresse les acquéreurs aux revenus élevés.
La diversification des partenariats étrangers dans le domaine de la construction et la création de joint-ventures ont déjà abouti à un premier accord signé entre des sociétés portugaises et la SGP Indjab. Les constructeurs portugais ont décroché un marché de 2 milliards de dollars. Ils auront à construire 65 000 logements, édifices publics (établissements scolaires, de santé…), ainsi que des petites villes de 3 000 à 5 000 logements avec tous les équipements d’accompagnement.
Les Espagnols ne sont pas du reste, puisqu’ils sont déjà sur le programme du gouvernement après la visite de la confédération des Austuries du bâti- ment en Algérie ; le même lot leur sera accordé, c’est-à-dire 50 000 logements. Pour le moment, l’Italie semble celle qui prendra le plus de parts. On parle de 100 000 unités à construire. La visite en janvier dernier de l’Association nationale des constructeurs italiens (ANCE) avec pas moins de 120 entre- prises donne un aperçu sur le forcing italien.
La Pologne de son côté, qui s’est convertie à l’économie du marché il y a une vingtaine d’années et qui n’a intégré que récemment l’Union européenne, mise non seulement sur le bâtiment mais aussi sur tous les autres sous-secteurs. Sa force de frappe, elle la puise de son expérience dans la restauration et la reconstruction de ses villes détruites lors de la Seconde Guerre mondiale – Varsovie en est un exemple frappant. C’est, donc, une carte d’entrée pour les Polonais en Algérie qui, d’ailleurs, sont en train de réaliser des expertises à la Casbah d’Alger, notamment le Palais du Dey. Les Polonais connaissent le programme du gouvernement algérien pour la restauration du patrimoine colonial qui est loin d’être minime.
Le vieux bâti est estimé à 12 500 bâtiments à Alger et 1 700 à Oran. Les Américains, quant à eux, guettent aussi à leur manière ce marché. Des professionnels du bâtiment ont effectué des déplacements, à l’image de certaines entreprises comme Victor Saroki and Associates, Renew et Sustain LLC, Vennen Compagy, Ticon International et Largo Concret Inc… Par ailleurs, les entreprises françaises semblent bouder le marché de la construction de logements en Algérie. Plusieurs raisons ont été évoquées, notamment les retards de paiement, mais selon d’autres sources et une certaine presse française spécialisée dans l’économie, on évoque plutôt ce peu d’intérêt pour le marché du bâtiment qui est lié à la concurrence des entreprises chi- noises, turques et égyptiennes pour leur prix très bas, en plus de la compétitivité des autres pays européens tel que l’Es- pagne, le Portugal, l’Italie…
M. C.