Ali Bey Basri, président de l’Anexal : “Il faut viser le marché du ciment européen plutôt que l’africain”

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Ali Bey Basri , président de l’association nationale des exportateurs algériens(Anexal)

 

Quelle stratégie devra adopter l’Algérie pour absorber la surcapacité de production installée de ciment ? Pour en savoir plus, qui mieux qu’un oeil d’expert en epxortation, pour nous éclairer. Ali bey Nasri, président de l’Anexal, a d’emblée indexé la responsabilité de certains organismes qui ont permis la prolifération du syndrome de la cimenterie. Pour la solution export des excedents, il exhorte la destination Afrique et encourage plutôt le marché européen, pour raison de compétitivité. Pour le marché africain, il propose carrément, une délocalisation des unités de production, qui selon lui, le ciment est un produit qui ne s’exporte pas, au delà de 200km et de plus l’Algérie n’en tirera aucun profit financier. Suivons-le.

BTP-DZ : L’Algérie a encouragé de méga investissements dans les cimenteries. La rente pétrolière a permis, de relever le défi de la pénurie du ciment. Mais l’Algérie s’est fait rattrapé par une realité économique qui met au grand jour son manque de vision au vu des surcapacité de production de ciment sans debouchées sur un marché en voie de saturation ? Ali Bey Basri, président de l’Anexal : Ce n’ est pas un manque de vision, il y a eu une volonté délibéré. L’Algérie a eu la chance ou la malchance de connaître le syndrome de la minoterie, mais nous ne fûmes pas aguerris. On aurait dû tirer leçon et l’éviter à d’autres secteurs. Tout le monde sait que le syndrome de la minoterie est un cas d’école. Vingt ou trente ans plus tard, l’Algérie transpose ce syndrome à l’industrie des ciments. Sachant que tous les investissements passent par le CNI. C-à-d, il y a tout un processus pour savoir ce que l’on doit faire ou ne pas faire. Que s’est-il passé ? et bien nous sommes passés d’une production de 18 millions de tonnes et une importation de 3 millions de tonnes en 2013 à 25 millions de tonnes en 2019, assurée avec un des investissements entre entreprises privés et publique. En plus des investissements en cours, on passera à 42 millions de tonnes de capacité de production. Avec cette réalité de marché, en face de cette montée en production, il y a désinvestissement de la commande publique, c’est à dire, le donneur d’ordre des marchés baisse ses commandes. Nous sommes dans deux trajectoires diamétralement opposés. Le résultat est connu de tous, le monde décrie la surproduction.

Ne pensez-vous pas qu’il fallait d’abord penser exportation avant d’atteindre ce seuil de sur capacités ?
La question qu’il faut poser aux gens de l’Andi, est pourquoi avoir autoriser autant d’investissements dans la cimenterie ? Voilà, la piste, qu’il faut suivre, sachant que le secteur de cimenterie est disant capitalistique.


Que faut-il faire ?
Il faut savoir que le ciment n’est pas un produit exportable. C’est une donnée qui vous étonne … Mais pour quoi ? Et dans quel cas de figure ne s’applique t-elle pas ? Le ciment à un coût pondérale. Le coût de transport au delà de 200 km, n’est pas rentable. Au delà de cette distance, son exportation n’est pas envisageable selon des experts de ce produit. Pour le ciment exporté d’Algérie, le coût du transport est aujourd’hui égale sinon supérieur au coût du produit lui même. Ce qui explique la stratégie des grands cimentiers mondiaux qui se rapprochent des zones de consommation du ciment. Transporter du ciment n’a aucun intérêt financier pour l’Algérie.

Est-ce le prix à payer pour sa compétitivité à l’internationale ?
L’Algérie subventionne le fret, le ciment est déjà un produit hautement énergivore et représente jusqu’à 70% de son coût de revient, qui de plus est subventioné. Parler des exportations, cela veut dire quoi ? Nous sommes entrain d’exporter son coût d’énergie et la subvention du fret. Encore fois, je vous le reitère, si vous otez les subventions du fret et de l’énergie, il serait impossible d’exporter 1 tonne de ciment made en Algérie, pour des raisons de compétitivité.

D’après vous ce n’est même pas la peine de penser exportation ?
A mon avis la solution pour le marché africain est la déclocalisation. Penser installer une cimenterie en Afrique et faire de la production sur site des consommateurs ou il y a débouchées commerciales.

Pensez vous que les cimentiers vont accepter votre suggestion ?
Vous vouliez mon avis, je vous l’ai donné, après, chacun fait, ce qu’il lui convient. Il faut s’intéresser plutôt à l’exportation vers l’Europe et non à l’Afrique. Car en Europe il y a une taxe carbone pour cette industrie polluante qui est appliquée. De nombreux cimentiers se sont délocalisés ou vont le faire. Donc, on peut se projeter vers le marché Européen, où, notre ciment pourra être compétitif.Au lieu de transporter du ciment de Biskra au Niger, c’est même inimaginable et pour vous dire tout simplement qu’il n’est pas compétitif.

Pour des débouchées internationales, notament vers l’Europe les cimentiers demandent, en plus de toutes ces diverses subventions, des investissements à consentir au niveau infrastructure portuaire ….
En effet, il faut des ports minéraliers, si on vise l’Europe oui, mais, non pas pour viser l’Afrique. En Europe, il y a des possibilités. Nous pouvons changer de stratégie, pour la direction Afrique par la délocalisation.

Karima A.

 

 

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