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Brahim Hasanoui, P-DG des Btph
« L’Etat doit se désengager des futurs programmes de logement »

Hasnaoui groupe

Le groupe Hasnaoui basé dans la région d’Oran est un acteur majeur depuis 40 ans dans la construction qui n’est plus à présenter. Brahim Hasnaoui, P-DG de ce groupe au 13 filiales, est revenu, à l’occasion d’une conférence de presse organisée à quelques jours de la tenue du Batimatec à Alger (du 3 au 7 mai), sur le parcours de son entreprise qui a survécu aux différents régimes depuis 1970, période du « socialisme pur et dur » où le privé évoluait au gré du monopole sur le transport, les agrégats, l’achat d’équipements, les prix administrés, etc.

La diversification de son groupe n’a pas été un choix délibéré mais obligé, souligne-t-il pour exprimer la forme de résistance que le groupe avait développée en sa qualité d’entreprise privée dans un paysage dominé par le monopole des entreprises étatiques. Pour appuyer ses propos, il rappelle que même la chaîne logistique, maillon important dans une entreprise de construction ou industrielle, était sous le monopole de l’Etat. Le simple fait de louer un camion relevait presque du parcours du combattant. S’approvisionner ou distribuer dépendaient alors des entreprises comme l’ENG pour ce qui est des agrégats et de la SNTR pour le transport. Pour louer un camion, il fallait faire une queue interminable tous les matins chez la SNTR, et dans le cas où c’était possible, alors c’était pas plus d’une rotation par 24h sur un rayon de 1 000 km, tenait à rappeler Brahim Hasnaoui aux journalistes pour qu’ils sachent ses débuts d’entrepreneur.
Importer des matériaux était une chose qu’on ne pouvait même pas s’imaginer. La naissance du secteur privé semble comme un accouchement avec douleurs qui a laissé des séquelles indélébiles chez le conférencier qui a également rappelé que l’Ibs était taxé à plus de 90%.
Les débuts du groupe furent très difficiles et semés d’embûches, mais le groupe a pu surmonter tout ça, car l’impossible pour Brahim Hasnaoui est un mot qui n’existe pas, comme a tenu à le préciser ce dernier au parterre de journalistes invités à redécouvrir le parcours du secteur privé, notamment dans le secteur de la construction.
Les conditions d’exercices des métiers se sont améliorées pendant les années 1980, poursuit-il, années durant lesquelles le groupe a pu acquérir son premier camion de 20 tonnes, suite à une attente de 3 ans. S’en sont suivis ensuite d’autres investissements dans le secteur de l’industrie des agrégats. Importer alors les équipements industriels n’était pas un acte direct effectué par le bénéficiaire, il fallait passer par le monopole de l’Etat qui fixait les conditions, la qualité de l’appel d’offre, le choix des matériels et voir l’achat au profit du privé investisseur. Ainsi fut achetée sa première station d’agrégats qui a donné naissance à son entreprise des carrières Sech, la plus importante à l’ouest du pays.
Chaque étape transcendée pour Brahim Hasnaoui, qui est revenu sur la genèse de son groupe, fut beaucoup plus une étape de soulagement qu’un aboutissement naturel de la croissance d’une entreprise dans un marché à développer.
Après cela, le groupe a investit dans le béton prêt à l’emploi, et ensuite dans l’industrie chimique du bâtiment à travers Tekenachem, actuellement numéro 3 sur le marché national des adjuvants. Avec plus d’ouverture économique, le groupe a contracté des partenariats pour un transfert de savoir-faire, et de là est née la société Gruppo Puma qui produit les mortiers et le ciment colle. Pour mieux s’intégrer, le groupe s’est associé au numéro un espagnol dans la menuiserie aluminium et se voit faire de l’extrusion. Une filiale totalement intégrée. Suite au soulèvement du problème du patrimoine en déperdition, le groupe n’a pas voulu rester en marge et a, donc, été à la recherche de partenaires essentiellement espagnol spécialisées dans le domaine et fin par créer la société Tarmim spécialisée dans la rénovation.

Contrairement aux années de plomb, le groupe est, selon son capitaine, animé par le besoin d’intégrer, comme cela a été le cas pour le projet Ryad qui a permis à HTA, une société de télécommunication, de voir le jour pour satisfaire cet immense projet de Quartier intégré d’Oran sur 30 hectares.
Le groupe Hasnaoui a essayé d’avoir une longueur d’avance sur les concurrents notamment en termes de techniques novatrices dans la construction. Il se réclame même la paternité de la première opération LSP réalisée durant les année 1990 où l’Algérie était presque en faillite, a tenu à souligner Brahim Hasnaoui. L’Etat n’avait pas les moyens, donc il fallait innover, trouver des solutions pour créer d’abord de l’activité ensuite répondre à une demande sociale et désengager l’Etat. On est arrivé alors à construire des logements F3 à 700 000 dinars grâce à la première formule logement social participatif (LSP) qui devait être améliorée et développée. Au lieu, de cela la formule a été bureaucratisée avant d’être abandonnée.
Le groupe est toujours à l’affût des techniques nouvelles et adaptives au marché algérien, à l’exemple des économies d’énergies dans le bâtiment comme l’isolation thermique par l’extérieur, un des système les plus efficaces que nous avons copié des Allemands et qu’on a pu intégrer depuis dix ans et que nous maîtrisons parfaitement.

 Développer le savoir-faire algérien
L’équation de développer le savoir-faire algérien est l’une des problématiques nationales à laquelle a pensé le groupe Hasnaoui pour simplifier l’acte de bâtir. Le quartier Ryad + 2000 logements collectifs et individuels et autres équipements réalisés par la BTPH a été le modèle où des nouvelles techniques développées et industrialisées en locale ont été intégrées.
Brahim Hasnaoui a la longue expérience dans la construction du bâtiment qui a su réaliser aussi bien en temps de disette (durant les années 1990) les logements LSP qu’en temps d’aisance financière : le quartier Ryad. Pour lui tout le monde connaît la sous- qualification de la main-d’œuvre algérienne, le peu d’engouement des jeunes au métier du bâtiment, c’est pour cette raison qu’il faut adapter les métiers du bâtiment à la mentalité des jeunes, et la crise actuelle sera bénéfique au secteur du bâtiment, parce qu’elle va imposer aux entreprises de trouver les meilleures solutions possibles.
Les problèmes financiers actuels du pays contraindront l’Etat, qui était jusque-là dans un confort matériel suffisant, à chercher les meilleures solutions en passant par libérer le marché et en mettant en places les règles de marché et les conditions d’une concurrence saine.

Promotion immobilière, l’ultime solution pour les futurs programmes de logements
L’avenir semble s’assombrir avec la crise financière pour le secteur du BTP malgré les assurances du premier responsable du secteur de l’engagement de l’Etat à continuer à construire des logements. Brahim Hasnaoui, pour qui le mot impossible n’existe pas, ne le voit pas de cet œil. Pour lui, l’Etat doit se désengager des futurs programmes et que la solution du comment prendre en charge ses programmes de construction à venir a été déjà pensé, dans le cadre des règles de marché sans le budget de l’Etat.
L’équation paraît impossible mais elle est parfaitement possible à résoudre sans négliger personne. Comment ? Le programme de logement peut être réglé dans le cadre de la promotion immobilière, en jouant seulement sur les délais de remboursement, soutiendra le promoteur.
Même la couche la plus fragile, celle qui touche le smig (20 000 DA), dont la capacité d’épargne pour le logement est de 25% de son revenu, soit 5 000 DA, est éligible. La loger avec un salaire de 25 000 DA relève du possible pour Brahim Hasnaoui. Pour lui, il suffit de lui accorder un crédit sur 50 ans. Sans aucun risque avec un dinar constant. Sachant que le smig double tout les 10 ans, le risque financier est zéro, n’existe pas. Idem pour les salariés touchant 40 000 DA qui pour lui pourraient postuler pour un logement d’un montant de 6 millions financé à crédit avec un délai de remboursement sur 50 ans. Pour trouver des financements et donner du crédit sur le long terme, dans le cadre de la promotion immobilière, Brahim Hasnaoui propose la création d’un fonds qui puisera uniquement des taxes prélevées des impôts qui représente au minimum 12% sur le chiffre d’affaire des promoteurs, sans les taxes de ventes d’appartements. Il suffit, donc, d’injecter cette taxe dans un fonds et cela permettra de financer tous ces programmes. Car, selon lui, cela permettra un effet d’entraînement extraordinaire sur l’ensemble de l’activité économique. Pourquoi ? D’abord, il y aura une seule formule unique, et le postulant sera contraint de passer par la banque et d’honorer ses engagements de remboursement à défaut son logement est mis en jeu. Le logement doit être droit mérité.
Il persiste que L’Etat doit se désengager de la réalisation, cela est une affaire d’opérateurs économiques, ce n’est pas le rôle du ministère de construire et de vendre, celui-ci doit cesser de se comporter en une entreprise de construction, il devrait réguler, développer, définir un smig qualitatif, contrôler, préconiser quel logement doit-on développer, être à l’écoute des besoins, doit mesurer l’impact des constructions sur la santé, sur l’ éducation, même si cela doit coûter 2 ou 3 fois plus cher, mais c’est beaucoup plus rentable.
Pour changer encore la politique de logement entreprise depuis 15 ans, il n’hésite pas à qualifier ce qui se construit de bombe à retardement et qu’il tire la sonnette d’alarme pour cesser de continuer avec la même politique. Le groupe est entièrement engagé à condition de dépolitiser la question du logement. Si l’Etat est disposé à créer les conditions de marché en jouant juste sur les périodes de remboursement et conditions de concurrence, tout le reste sera l’affaire de la sphère économique. Il faut commencer par libérer le foncier par besoin régional. Faire de l’acquéreur l’acteur principal. Lui donner la possibilité de choisir et de décider selon ses besoins. Le citoyen n’aura pas besoin ni du chef de daïra, ni du wali ni non plus du ministre, il sera libre, conclut-il.

 Projets : production du granite et du marbre
Le groupe Hasnaoui dispose dans son portefeuille de nouveaux investissements d’une dizaine de millions d’euros dans la production de marbre et granite. Mais malheureusement, sur tout l’ensemble des carrières, aucune ne pouvait satisfaire la demande en pierre de cette filiale du groupe. Dans l’attente de l’exploitation des ses nouveaux gisements, le groupe a commencé à produire à partir des produits d’importation, à savoir la pierre, dans un pays qui regorge de pierre, soutiendra Brahim Hasnaoui qui considère qu’il est à la énième aberration ce qui l’a poussé à se lancer dans la production du marbre et du granite dans le but de devenir premier exportateur dans le bassin méditerranéen.

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