BTP Algérie : Avant d’entamer le sujet du bâtiment en sa qualité de marché de la construction, qu’en est-il d’abord des évolutions de Indjab dans ce secteur toujours à la demande ?
M. Yassine Hafiane : La SGP Indjab comprend 56 entreprises, dont 12 bureaux d’études, et dispose d’un effectif de plus de 23.000 employés. Les entreprises de la SGP Indjab opèrent dans les domaines liés aux travaux de bâtiment, logements et équipements publics, travaux de voirie et réseaux divers (VRD) et d’aménagement extérieur, réhabilitation du vieux bâti, fabrication de menuiserie aluminium, charpente métallique, production de béton et d’éléments préfabriqués.Suite à la résolution n°11 de la 141e session du Conseil des participations de l’Etat (CPE), la SGP Indjab est restructurée après avoir obtenu, le 24 juillet dernier, l’approbation de ce dernier. Ce géant public se scinde en 5 filiales publiques économiques EPE sous forme de SPA, qui représenteront la capacité publique de réalisation avec un objectif global de réalisation de logements annuellement. Avec cette restructuration, nous allons revoir à la hausse les capacités de production. SGP Indjab s’apprête à livrer entre 15 000 et 16 000 logements en 2014, contre seulement 4 600 en 2013, et prévoit de livrer plus de 24 000 unités en 2015.
Comment et pourquoi ce n’est que maintenant que cela est-il possible ?
Chaque entreprise dispose de ses limites que ce soit en compétences managériale, financières ou autres. Après diagnostic du marché de la construction depuis les années 1970 à ce jour, nous nous sommes dit que pour répondre aux nouveaux objectifs du ministère de l’Habitat en termes de production de logements durant les 5 prochaines années et relever le défi, il faut remettre en cause nos schémas organisationnels actuels et renforcer nos moyens. Donc, nous devons mettre en place des outils de réalisation modernes plus performants, c’est-à-dire mettre en place des entreprises de préfabrication de logements. Passer au procédé d’industrialisation du logement n’est pas nouveau. Des systèmes constructifs innovants initiés par d’anciennes entreprises avaient à leur époque été introduits pour la première fois en Algérie. Parmi ces procédés, on peut, notamment, évoquer la préfabrication lourde, la préfabrication légère en béton armé, la charpente métallique, le béton précontraint, etc. Les constructions de la Sonatiba, DNC et Sorecal, qui alors était la Sonatrach de construction, sont le témoin du fleuron industriel d’autrefois. Les infrastructures sont encore là.
Quel sera l’impact de cette nouvelle organisation ?
La restructuration d’Indjab permettra d’abord de débureaucratiser l’acte de gestion, de bâtir et puis de renforcer ces moyens de production en associant à ceux-là un management moderne d’entreprise. Cela permettra à court terme d’atteindre l’objectif de produire 80 000 logements par an. Améliorer la qualité de logement et réduire les délais de réalisation.
Peut-on connaître l’endroit où seront installées ces usines, quand seront-elles opérationnelles et quelle sera la capacité de chacune d’elles ?
Pour accélérer la production, il faut d’abord se mettre à niveau. Ces nouvelles entreprises, qui seront basées à Annaba, Oran, Ouargla et Béchar ainsi que deux au Centre (Alger), seront opérationnelles début 2015, après la mise en place de toutes les conditions organisationnelles, administratives et juridiques nécessaires. Un crédit de 17 milliards de dinars d’investissement nous a été accordés par le gouvernement pour financer la réalisation de quatre usines de préfabrication qui seront implantées d’ici le mois de mai 2015. Quant aux capacités de celles-ci, elles seront ramenées à plus de 32 000, soit une capacité moyenne de 10 000 logements par an, en plus de la capacité mise en place actuellement de 22 400 logements par an.
Pouvez-vous nous énumérer un avantage que vous estimez important pour aller ou retourner vers l’usinage du bâtiment ?
Au delà de l’évolution de la capacité de réalisation de ces entreprises de 4.600 logements/an actuellement à 32 400 logements/an et au delà à l’horizon 2015, cela permettra la mise en place de nouvelles méthodes de gestion, en accompagnement, sur tout le processus de réalisation. Les méthodes feront appel aux notions de programmation, de coordination et de conduite de projets avec l’introduction d’une OPC, comme métier à part entière, particulièrement nécessaire à l’intégration que requiert l’industrialisation. L’OPC regroupe l’ordonnancement, le pilotage et la coordination du projet. En somme, le respect des délais, la maîtrise des coûts et la qualité recherchée.
Techniquement, que signifie OPC ?
L’OPC est une technique qui permet d’analyser et de découper l’action, selon la phase considérée, en tâches élémentaires, de déterminer les contraintes qui existent entre les tâches et de matérialiser et planifier ces actions et ces contraintes sur un schéma logique de suivi et par pilotage la mise en application, à tous les stades, des diverses mesures d’organisation élaborées lors de l’ordonnancement et de la planification et, bien sûr, le suivi, l’évaluation, l’actualisation, la coordination technique des ouvrages, assurant la compatibilité des éléments des ouvrages en rapport avec la conception. En somme, veiller en continu à atteindre le meilleur taux de rentabilité de ces systèmes et d’élever le taux d’intégration des corps d’état secondaires.
Karima A.