Le recours à la construction traditionnelle durant ces 15 dernières années a montré ses limites sur un marché où l’offre en logement est jugée déficitaire par rapport à la demande et à l’ambitieux programme des réalisations. La capacité de réalisation avec les anciennes techniques a montré ses limites. Le ministre de l’Habitat s’est engagé dans une nouvelle politique de réalisation en ré-industrialisant le secteur du BTP. La nouvelle stratégie du gouvernement de l’industrialisation engagée touche tous les secteurs y compris, celui des btph. Un avis que ne partagent pas tous les intervenants du secteur, notamment celui de la construction. Industrialiser le logement revient à dire qu’il faut préfabriquer ; en d’autres termes, usiner une bonne partie des éléments. Mais pourquoi allons-nous préfabriquer, et si nous devons le faire, qu’auront les entreprises à gagner si le mètre carré bâti est encore administré à 37 000 DA. Les avantages apparemment sont aux niveaux pratique et technique tels que la vitesse d’exécution, un gain de temps qualifié par certains systèmes allant jusqu’à 70%, moins conditionné par les conditions climatiques, donc pas d’arrêt de chantier à cause des effets thermiques, la sécurité des ouvrages, les assurances, moins d’impact sur l’environnemental du chantier, le contrôle de la qualité est plus facile et se fait par étape et cela se traduit par une réduction des coûts et une meilleure qualité.
Cette stratégie s’est appuyée également sur la restructuration des entreprises du secteur et leur redéploiement autour des moyens considérables dont elles continueront à se doter et à l’endroit des programmes importants qui leur ont été confiés.
On notera que durant la journée consacrée à l’industrialisation du bâtiment, Mme Malika Messaoud Nacer, la directrice générale du CNIB, est revenue dans son introduction sur les divers systèmes constructifs utilisés dans le secteur de la construction durant la réalisation des programmes de logements et d’équipements publics d’accompagnement.
Divers systèmes constructifs utilisés dans le monde ont évolué au fil des ans en relation avec la situation économique du pays. Selon la conférencière, l’Algérie est passée par le système constructif ksourien aux nouveaux systèmes constructifs introduits récemment en Algérie et qui ont fait l’objet d’avis techniques réglementaires. En passant par les systèmes traditionnels et les systèmes industrialisés, chacun d’eux était adapté au contexte socioéconomique et technologique de son époque
Systèmes constructifs en Algérie
L’Algérie a évolué dans l’ordre chronologique qui suit et a introduit, selon les périodes, les systèmes suivants :
1970-1980 : Lancement de vastes programmes et création de bases de l’économie nationale (grands complexes industriels, universités, barrages, logements…), mise en place des moyens de production de logements, acquisition d’unités de préfabrication lourde et ce, en dépit de l’insuffisance de main-d’œuvre et d’encadrement, malgré l’aisance financière.
1980-1990 : Un nouveau cap. Équilibre des investissements, inscription de grands programmes de logements et d’équipements publics, adéquation des programmes et des moyens, disponibilité de la main-d’œuvre et de l’encadrement, mais la difficulté financière d’alors a poussé à la réduction des capacités d’investissement, donc une vaste réorganisation et une réforme importante de l’économie nationale, marquée par les séismes de Chlef (1980), de Oued Djer (1988), Chenoua (1989), donc introduction de la norme RPA 81 version 83, RPA 88.
1990 : Affaiblissement de l’outil de réalisation (séisme de Beni-Chougrane (1994), RPA 99.
2005-2009 / 2010-2014 / 2015-2019 : Des programmes quinquennaux de logements et d’équipements publics d’accompagnement ont vu le jour.
Entre traditionnel et semi-industriel
Les systèmes constructifs peuvent être classés selon les trois critères suivant la technologie de mise en œuvre (industrialisée, semi-industrialisée et traditionnelle), la nature du matériau constituant le système : terre, béton armé, acier et maçonnerie et la fiabilité et la ductilité caractérisées à travers le coefficient de comportement R.
Systèmes utilisés actuellement en Algérie
La réduction des capacités d’investissement et la vaste réorganisation du secteur de la construction induite par les difficultés financières des années1980 ont résumé l’utilisation des systèmes constructifs à ce qui suit :
Les systèmes industrialisés à base d’ossature métallique : Ce sont des systèmes à structure métallique composés de façades en panneaux légers ou semi-lourds, de cloisons en placoplâtre et de planchers en béton armé.
Les systèmes semi-industrialisés : Ces systèmes utilisent deux techniques, à savoir la technique dite de
« tables Banche », coulage en deux phases et le coffrage dit « tunnel » qui permet le coulage simultané des
éléments porteurs verticaux et horizontaux.
Le système traditionnel : Il consitse en la technique dite « traditionnelle », utilisant le système en maçonnerie porteuse et le système en portiques poteaux-poutres. Il occupe les 80 à 90% du parc bâti en Algérie, d’une manière générale. De grands programmes de logements et d’équipements publics ont été réalisés en utilisant ces systèmes. Néanmoins, le taux moyen de rentabilité de ces systèmes était de 40% et le taux moyen d’intégration des corps d’état secondaires était de 30%, estime Mme Malika Messaoud Nacer
De Camus à Gibat
Les systèmes sous diverses appellations (Camus devenu Pascal, Baret, Coopal, Vareco, CSB, Polygon, Gibat,…) ont été introduits en Algérie principalement durant les années 70 et utilisés par 18 unités de préfabrication, dont la dernière a été mise en place en 1979 à M’sila. Ces différents systèmes préfabriqués en usine ou in-situ (unité foraine), composés d’éléments structuraux rectilignes, plans et tridimensionnels, ont nécessité de grands investissements et des équipements importants de transport et de manutention.
S. N.