Le retour, en 2014, du ministère de l’Habitat à la ré-industrialisation du bâtiment, qui passe par la préfabrication à travers l’outil public Indjab, devrait à court terme représenter, d’ici 2016, 15% de parts de marché des constructions de logements dit sociaux. L’urgence pousse-t-elle à la préfabrication ou à l’industrialisation des métiers ? La question n’est pas encore tranchée mais va de pair entre la première qui est adoptée par le public et la seconde clamée par les promoteurs privés.
L’Algérie a connu divers modèles de construction. Le constat général est échec des modèles de construction utilisés pour non seulement leur insuffisance à répondre à la demande croissante en logement, mais aussi sur la destruction du paysage architectural et urbanistique. Aujourd’hui, la politique de l’habitat semble se résumer en une statistique : répondre à une problématique insoluble de logements et planifier un nombre de logements à construire et comment atteindre l’objectif, à travers des modèles de construction rapide, pour atténuer la tension sociale. Suite à l’échec du modèle de construction de procédé traditionnelle et sous-traitance étrangère, le ministre de l’Habitat relance de nouveau la préfabrication industrielle. Selon les chiffres officiels, elle va absorber 15% de la commande publique à l’horizon 2016. L’autre solution promue en 2015 pour le logement rural est l’auto-construction avec des aides d’acquisition de terrain et enveloppe financière allouée. Mais tiendra-t-on compte, néanmoins cette fois, de la mission de l’architecte et de l’urbaniste qui est modifiée voire même occultée dans ces constructions massives de cités hideuses. La question est à l’ordre du jour mais n’est pas encore la priorité.
Répondre au besoin de construire vite pour satisfaire une demande urgente des anciens demandeurs et des nouveaux postulants en logement dans un contexte très contraignant de délai pousse à trouver de nouveaux procédés pour résoudre l’équation problématique de l’insuffisance des logements sociaux qui était et est encore une préoccupation de la tutelle du secteur. En 2014, le ministre de l’Habitat a vendu la solution de préfabrication comme solution pour l’exécution du programme de construction des 2 millions de logements qui vient en soutien à l’ultime solution de la sous-traitance des sociétés de construction chinoises. Jusqu’à 2014, les capacités annuelles en construction de logements ont été estimées à 80 000 logements/an durant le dernier quinquennal.
Le privé clame l’industrialisation des métiers du bâtiment plutôt que la préfabrication
La préfabrication du logement est une solution adoptée par le public et non pas par le privé qui estime qu’économiquement, elle n’est pas attractive en raison du coût de revient administré au m2 bâti. Pour certains promoteurs privés algériens, le gouvernement ou le ministère de l’Habitat devrait faire la promotion de l’industrialisation des métiers, ce qui en soit va rendre les métiers du bâtiment attractifs et plus professionnels et de même va résoudre la problématique du manque criant en main-dœuvre dans le bâtiment. Tout le monde s’accorde à dire qu’on devient plutôt par défaut ouvrier de bâtiment et non pas par choix.
Au-delà de révolutionner le système traditionnel de construction largement utilisé, qui a montré ses limites en qualité, en quantité et en longueur des délais de réalisation, l’industrialisation des métiers va aussi modifier ou apporter des innovations architecturales en ayant recours à des matériaux préfabriqués, soutiennent les experts.
L’expérience internationale des pays développés, qui ne présentent pas pourtant les mêmes problématiques en demandes de logement et qui continuent d’inventer, réinventer et développer de nombreux systèmes constructifs pour faire face aux besoins massifs de construction, au développement durable et à l’efficience énergétique, est à suivre.
Le tout corps d’état freine l’émergence des métiers spécialisés industrialisés
Entre 2013 et 2014, sur 1 517 sollicitations transmises aux entreprises algériennes inscrites sur la short-list, le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville n’a pas reçu de suites dans 80% des cas. 12% ont émis un avis défavorable justifié par des investissements dans d’autres projets, contre 6% d’offres financières excessives, selon le ministère qui exige un prix allant de 42 000 à 54 000 DA le mètre carré.
Faisant état ainsi d’une faible affluence des entrepreneurs algériens, notamment privés, sur ses projets, nombreux promoteurs pensent qu’il est indispensable d’appliquer au
bâtiment les méthodes de l’industrie. Mais qui oserait investir sans changement de l’actuel cahier des charges tout corps d’état qui est inapproprié au développement des entreprises des corps de métiers spécialisés, nous soutiennent-on. Pour adhérer à ce programme, il faut identifier et séparer les corps de métiers et insister sur le développement des pme et des pmi industrielles, mais cela ne peut être rendu possible que si la politique du moins disant est bannie. Beaucoup de métiers ne se développent pas et d’autres sont en voie d’extinction, à l’image du revêtement mécanisé dans le métier de façadier, pour ne citer que cet exemple.