BTP Matériels Algérie : M. James Loos, votre arrivée coïncide avec d’autres nouveaux projets du troisième quinquennat. Qu’est-ce qui a mo#vé le changement au niveau de la tête de Liebherr Algérie ?
L’entreprise Liebherr a mondialement connu une réussite et depuis les trois ans, elle a doublé son chiffre d’affaires et c’est devenu nécessaire de changer la forme d’organisation pour être plus proche du marché et du client. Ici nous sommes dans un processus de réalisation de ce changement afin de faire progresser notre part potentielle du marché algérien. Donc, assurer la croissance de l’entreprise. En Algérie, nous avons adopté la forme d’organisation. Maintenant nous travaillons ici en équipe. Car nous avons bien compris que plusieurs têtes intelligentes vont trouver plus vite une solution.
Avant de prendre les commandes, vous avez sûrement une idée du marché algérien. Pourriez-vous faire un parallèle avec votre expérience d’ ailleurs.
Je connais l’Algérie depuis 4 ans, je suis marié à une Algérienne et ma petite fille est aussi algérienne. j’ai toujours apprécié la chaleur humaine. Moi j’ai fait le plus grand pas de ma carrière dans le conseil pour les directions générales. Mon travail est analytique. Moi j’avais ma propre entreprise pour la sélection en développement personnel. L’étude de marché est dans ma nature, c’est pour cela que j’apprécie des gens ici comme M. Bouzid qui travaille systématiquement sur la base d’études de marché et de parts de marché… c’est-à-dire gérer sur la base des faits. le relationnel c’est toujours très important et spécialement en Algérie, sans le relationnel on ne peut rien vendre et sans les chiffres on peut vendre des machines qu’il vaut mieux ne pas vendre. Me concernant, je suis ici depuis un an en tant qu’adjoint gérant ; avec les changements d’organisation, il fallait quelqu’un qui a le vouloir de travailler en équipe et faire la modération entre les divisions.
Revenons à la gamme Liebherr qui est plus connue pour son levage….
La gamme Liebherr est très large. Nous sommes présents sur plusieurs segments de marché du terrassement béton central, matériel spécifique portuaire, chariot portuaire, grue offshore, et les grues mobiles ; bien entendu d’autres activités du groupe qui ne sont pas encore présentes sur le marché, comme par exemple l’électroménager, le transport train à vitesse, l’activité aéronautique (par exemple pour ceux qui ne le savent pas, c’est Liebherr qui fabrique le train d’a’errissage de l’airbus A380. Donc le groupe s’est structuré autour de ces différentes divisions et permet à chaque divison d’être représentée dans chaque pays à travers une plateforme.
A l’usine on est en conact direct avec le client. Et c’est pour cela que Liebherr a créé sa propre filiale en Algérie. Le contact est permanent pour être à l’écoute totale des clients.
En Algérie quand on cite Liebherr, on sous-entend levage alors que probablement vous êtes aussi leader sur d’autres segments. Est-ce un choix de communication ou est-ce de la simple réalité ?
Pour le moment, notre stratégie repose sur un segment de niche, car il y a beaucoup de potentiels. Sur le segment automotrice, on est leader mondial et on a même tendance sur lemarché algérien. On est même au-dessus de la moyenne de Liebherr à travers le monde. Liebherr à travers lemonde détient plus de 60% de parts demarché sur ce segment et en Algérie on est bien au-delà. Avec l’équipement portuaire, c’est pareil.
Sur ce segment de grue automotrice, on assite à une affluence massive de la concurrence.Quelle serait votre réaction ?
Ça c’est un gros problème pour nous, le levage. Par exemple, la gruemobile est le seul engin qui peut représenter un danger aussi bien pour son utilisateur et autant sinon plus pour les autres travailleurs sur chantier. C’est-à-dire si vous levez une turbine qui vaut 10 millions d’euros et qu’elle tombe au milieu d’un chantier plein de travailleurs, c’est la catastrophe. Alors un autre engin de chantier s’il se renverse, il ne représente un danger que pour lui même.
Donc, sur ce point essentiel, nous ne devons pas être flexibles. La sécurité est le point nodal sur lequel travaille Liebherr pour la renforcer. Malheureusement en Algérie, il n’y a pas de normes pour les grues mobiles. Laisser écouler des grues dépourvues de tout système de sécurité, il faut s’a2endre à d’autres hécatombes sur les chantiers d’Algérie. C’est pour cela que nous restons sereins, car un professionnel n’ira pas acheter une grue chinoise mais les nouveaux entrepreneurs qui se lancent dans l’activité iront vers les prix les plus bas mais là il y a une raison pour ces petits prix. Les graves accidents ont été constatés sur les chantiers. Mais la tutelle doitme2re en place des normes. Dans l’automobile, ils sont sur la voie de normaliser; on espère que cela viendra dans le secteur.
J’insiste pour les gruesmobiles, s’il y a 200 travailleurs sur chantier, si la grue se renverse en pleine action de levage d’une turbine, je vous laisse imaginer les dégâts humains que cela peut causer. Au-delà de cet aspect sécurité humaine qui est important pour nous, lemanque de fiabilité de la machine concurrente court aussi vers la catastrophe économique en cas d’arrêt de celle-ci au moment d’effectuer une opération de maintenance dans une raffinerie ou centrale électrique. C’est dans cet environnement concurrentiel que Liebherr évolue. A vous donc de peser entre le prix de la qualité et le coût que peut générer la médiocrité.
Liebherr en tant que filiale pourrait maîtriser les coûts puisqu’il n’y a pas de marge de distributeur. Pourrait-on s’attendre à une autre politique de prix face à un marché ouvert ?
Il est vrai que quand on achète une machine Liebherr, on achète directement chez le producteur. Cela implique une proximité qui veut dire avantage clients. Nous étions dans lemarché depuis 60 ans et nous y resterons.Nous sommes un partenaire fiable avec tous ses critères. Nos pelles sont plus productives par litre de gasoil, concernant l’environnement de l’utilisateur, le confort est étudié pour plus d’efficacité. Pareil pour les grues à tour, les cabines sont aussi la sécurité qui estmise en exergue. Nous vendons des concepts au professionnel qui considère les critères de son utilisation en combinaison avec économie gasoil ou sécurité. D’autres atouts chez Liebherr sont aussi la disponibilité des matériels par la fiabilité accrue. Imaginez qu’une grue à tour s’arrête, c’est tout le chantier qui est paralysé. Cela veut dire que les frais directs ne sont pas importants, ce sont les frais de production qui sont importants. Et c’est ça le risque financier qui pourrait être généré par un mauvais choix de matériels. Nous avons des concepts qui ont été développés depuis 1960, après la Seconde Guerremondiale qui a participé à la construction du pays. La sécurité reste toujours le premier critère.
Concernant la grue automotrice, nous sommes leader c’est connu, mais peutêtre pas encore pour les pelles et grue à tour.
A combien estimez-vous le potentiel de Liebherr sur le marché algérien dans les années à venir ?
Si on regarde les grues automotrices où nous sommes leader mondial, nous comptons y conforter cette position par son développement et les investissements dans ce produit. Atteindre cette position et garder cet avantage est important. Pour lemarché algérien si nous regardons le programme présidentiel, le nombre d’infrastructures, les routes, le nombre de licences minières, carrière, 29 licences pour le rond et l’or, la construction de logements, nous sommes très bien positionnés avec toute notre gamme.
En tant qu’entreprise, qu’est-ce qui vous spécifie face à une concurrence des plus ardues où les moins disants se font nombreux ?
Liebherr est l’une des seules sociétés qui n’ont pas qui2é l’Algérie, nous sommes restés avec le désir de participer à la construction et au développement de l’Algérie. Nous voulons apporter notre pierre à l’édifice.Un point très important : est-ce que la filiale Liebherr emploie 227 Algériens et 3 Allemands ? Nous savons que nous investissons en permanence dans l’après-vente et la pièce.
Pour la grue mobile, il n’y a aucun des concurrents traditionnels qui disposent desmêmes bases ni nos installations et ni non plus de nos stocks en pièces de rechange. Tout cela est notre force et cela explique la politique des prix ou des coûts indirects qu’on expliqus plus haut. Si vous avez une grue qui coûte 10 milliards de centimes que vous louez à 200 000 DA/jour, qu’elle tombe en panne et qu’il n’y a pas de pièces disponibles pendant 2 mois, le manque à gagner vous le mettez sur le coût de la machine, cas de force majeure, pertes et profit, rire….
C’est cela la valeur ajoutée. Nous à Liebherr, rien que dans la division gruemobile, nous avons 15 techniciens avec deux ateliers. Aumoment où on parle, nous avons un technicien en route sur simple coup de téléphone pour une intervention rapide sur site pour une grue à l’arrêt, ce service n’est pas disponible par ailleurs. Il est vrai que le marché est le moins disant, mais il est en train de mûrir, et les entreprises publiques qui achètent des équipements font apparaître des critères d’évaluation, il n’y a pas uniquement le prix.
Pour le terrassement, il y a les trois leaders du marché Caterpillar, Komatsu et Liebherr et puis avec la compétion, il y a une offre de service amélioré. Ensuite arrive le reste.Mais si le client fait un autre choix, il s’aperçoit vite de la différence : qualité et service.
Quelle est le manque à gagner chez Liebherr ?
Notre gamme de terrassement est large, on propose des pelles, chargeurs, engins de manutention…, ce n’est pas un marché pour nous puisque la réglementation a changé, en revanche, nous ne disposons pas de niveleuses ou rétro-chargeurs, un segment sur lequel font plus de volume les concurrents .
