BTP matériels Algérie : Pourrait-on, au terme de ce nouveau protocole d’accord pour un projet industriel, considérer cela comme une seconde noce entre l’Enmtp et Liebherr ?
Hammouche Abdelmalek : Oui, on peut dire que c’est une seconde noce avec Liebherr qui est notre premier partenaire dans le domaine des travaux publics, et il faut rappeler que la première usine — réalisée à Aïn Smara — l’a été avec le concours de Liebherr. Durant les années 1980, nous avons acquis une usine clé en main dans laquelle on construisait des pelles et des grues, et, depuis, nos relations ont évolué pour aboutir, en 2011, à un partenariat qui stipule, dans un protocole d’accord signé en mars de cette année, qu’il va donner naissance à deux compagnies communes, l’une industrielle et l’autre commerciale. La société commune industrielle va englober l’usine d’Aïn Smara, Somatel, où l’on va fabriquer 9 produits : 3 pelles, 2 chargeurs, 2 types de Bull et 2 types de grue mobile. Ce partenariat répond à la règle des 51 % pour l’Enmtp à travers sa filiale Somatel et 49 % pour Liebherr. Mentionnons aussi la deuxième société commune commerciale qui va commercialiser les produits construits par la société commune industrielle plus le reste de la gamme de Liebherr non contractuel. Cette société commerciale commune sera aussi à 51 % Enmtp par sa filiale Somatel et 49 % pour Liebherr. A travers cette filiale, nous avons l’intention de capter le maximum de marchés.
Le schéma organisationnel semble déjà apparent. Quel sera le devenir de l’Enmtp et de la filiale Liebherr ?
La filiale de Liebherr va fusionner dans la société commune commerciale et une partie de la filiale commerciale de l’Enmtp va aussi passer dans la joint-venture. Il y’aura toujours une partie de la commerciale de l’Enmtp qui va continuer à commercialiser ses autres produits, comme les compresseurs, le matériel de béton, de compactage, les grues fixes et les rétrochargeurs. Actuellement, l’Enmtp est aussi engagée dans des pourparlers pour d’autres partenariats mais il est trop tôt pour en parler maintenant.
Est-ce que vous êtes fixé par rapport aux objectifs de production et d’importation ?
Oui. On a fait un master plan, qui signifie qu’on prévoit une production de 600 machines par an ; pour les importations cela dépendra du marché. Pour nous, le plus important est la filiale industrielle et à partir de la production, on va tirer bénéfice du savoir-faire de Liebherr, dans la rénovation du matériel, de l’après-vente et de la commercialisation du produit.
Concernant les machines qui seront produites à Aïn Smara, est-ce qu’il s’agit des mêmes machines produites en Allemagne, ou des machines adaptées au marché ?
On ne parle plus d’usine clé en main ; on n’est pas dans le contexte des années 1980 lors du premier partenariat ; les mêmes machines produites par Liebherr Allemagne seront produites en Algérie, une avancée technologique dont l’Algérie va en tirer profit. Ce ne seront pas des machines obsolètes, et c’est, là, l’avantage d’un partenariat.
Pourrait-on savoir la date de l’entrée en production ?
Dans un premier temps, nous avons signé un protocole d’accord qui a défini tous les termes. La date d’entrée en production sera fixée dès lors qu’on aura signé le contrat (juin). Au fait, on commencera d’abord par la mise à niveau de l’ensemble de nos usines et, ensuite, on passera à la phase de production.
S’agit-il de montage ou bien vous allez intégrer et à quelle hauteur ?
Dans un premier temps, on fera venir les machines de soudage, de sciage, de pliage, et, comme vous savez maintenant, le processus a complètement changé ; on sera au diapason de ce qui se fait en Allemagne ou en Autriche.
Pour le départ, la valeur ajoutée sera le montage et, au bout de la 3e année, on procèdera à l’intégration nationale à raison de 40, voire de 50 %. Une intégration qui se fera à travers, soit les unités Enmtp ou celles qui sont dans le groupe de la SGP, surtout en ce qui concerne le vérin, le flexible, le godet de lame, etc. Il est même possible d’intégrer les moteurs par la société Emo, qui va produire les moteurs de Liebherr. Notre objectif est d’intégrer à court terme, ce qui sera profitable à nos diverses sociétés et filiales.
Ce partenariat génère-t-il un coût et si c’est le cas, de combien?
Bien sûr, si l’on doit se mettre à niveau comme ce qui se fait en Allemagne, cela nécessitera un investissement que l’Etat algérien va nous garantir. Il est estimé mais, encore une fois, ce n’est pas le moment de le dire ; on avance au fur et à mesure, mais on annoncera tous les chiffres en temps voulu. Jusqu’à maintenant, on avance étape par étape et on y reviendra après la signature du contrat.
Pourriez-vous nous faire un état des lieux de la production de l’Enmtp et aussi au plan commercial ?
L’Enmtp produit plusieurs machines, environ 1 200, y compris le petit matériel de béton. L’usine de Cpg fait autour de 400 machines, mais si l’on doit juger le matériel, on dira que ce sont de vieilles machines qui sont dépassées. On abandonnera la production de ces machines pour produire les toutes nouvelles générations, comme c’est porté dans le contrat. Chaque fois qu’il y’aura une avancée technologique, celle-ci sera portée sur celles qui seront produites en Algérie. En Allemagne ou en Algérie ce sera la même machine. Il n’y aura pas d’anciennes générations. Le contrat le stipule bien, et vous constaterez que le bulldozer exposé — qui est monté à Aïn Smara — est le même que celui importé d’Allemagne. Nous avons déjà procédé au montage des premiers Bulls et, ensuite, on va intégrer dans une première phase tels que le vérin, le godet… Cela deviendra plus intéressant à plus d’un titre lorsque on procédera à la production de ces pièces de rechange pour qu’on puisse arriver à la maîtrise des coûts.
Justement à ce niveau, allez-vous être plus concurrentiel que tout le reste des marques ? Le prix des Liebherr en Algérie sera-t-il moins cher ?
Notre objectif avec l’intégration est d’arriver à proposer un produit au même niveau que Liebherr, sinon moins cher, mais non pas plus cher pour lever toute appréhension. Si vous serez au même niveau de prix quel serait, alors, le gain à les produire si ce n’est pour satisfaire un besoin à moindre coût ?
Alors, c’est quoi le gain ?
(Rires) Là, nous ne pouvons pas le dire ; cela reste confidentiel.
Peut-on savoir où sera installé le siège pour la société commerciale ?
La Somabe (Société de matériels de béton) d’El Harrach abritera le siège social de la société commune commerciale en plus des magasins de pièces et ateliers. Plusieurs unités sont prévues dans diverses wilayas : à Oran, Constantine, Alger, Annaba, plus celle de Liebherr à Hassi Messaoud. On va créer une usine à Adrar, pour pouvoir couvrir l’ensemble du territoire national.
A quand s’attendra-t-on à la première production dans le cadre de ce partenariat ?
Tout est mis en place pour que cela se fasse au plus tard trois mois après la signature du contrat ; donc, cela se fera avant la fin 2011.
Un mot sur le partenariat : les négociations ont-elles abouti facilement ?
Le partenariat, c’est comme le mariage : les fiançailles durent. Bien sûr, ce sont des négociations autour de diverses approches, mais on peut dire qu’il y’a des avantages. Ce qui est aussi important de signaler est les nouvelles dispositions commerciales qui est la préférence nationale à +25 %, plus la disparition des droit de douane, en plus de l’exonération de la taxe à l’importation de 700 000 DA.