Libre-échange avec laTurquie
200 entreprises déjà en activité en Algérie

Au cours de la visite de M. Erdogan à Alger, l’ambassadeur de Turquie, son Excellence Ercmend Ahmet Enç, a indiqué que son pays a proposé l’allégement des conditions d’obtention des visas et n’a pas exclu leur suppression dans l’avenir. De plus, la Turquie a proposé à l’Algérie la signature d’un accord de libre-échange qui, selon la position algérienne, reste tributaire de la question de l’accession de l’Algérie à l’OMC.

Concernant les échanges commerciaux entre les deux pays, en 2010, la Turquie était classée 7e client de l’Algérie, avec plus de 2,7 milliards de dollars (hydrocarbures, fonte, fer et acier, peaux et cuirs… ), et 8e fournisseur, avec plus de 1,5 milliard de dollars (chaudières, machines, appareils et engins, matériels électriques…), selon les chiffres des Douanes algériennes. Il est à préciser qu’à travers les indicateurs économiques turcs, l’Algérie ne figure pas dans la liste des principaux partenaires de la Turquie. En effet, cette puissance économique émergente, membre de l’Union douanière avec l’UE, membre de l’OMC, de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), de la Coopération économique de la mer Noire, de l’Organisation de la coopération économique et de l’initiative de coopération de l’Europe du Sud, dispose d’accès à de nombreux marchés facilités par des tarifs préférentiels.Ainsi, en 2009, la Turquie a exporté pour 102,12 milliards USD et a importé pour 140,92 milliards USD. L’Algérie n’atteint pas 2%de parts dans ces importations ou exportations.

Le risque pays, selon l’indice de la COFACE, place la Turquie àA4, explicité ainsi par «les perspectives politiques et économiques qui peuvent être marquées par quelques fragilités. Une relative volatilité de l’environnement des affaires est susceptible d’affecter les comportements de paiement ; la probabilité moyenne que cela conduise à un défaut de paiement restant acceptable».

Le phénomène Erdogan
Sur le plan politique, nous pouvons mieux repérer les motivations de l’agressivité commerciale turque. Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a redéployé stratégiquement son pays en tant que puissance régionale et allié providentiel des pays arabes. En effet, la pénétration économique turque concerne tous les pays de la rive sud de laMéditerranée (Maroc,Algérie, Tunisie et Libye). C’est aussi une réaction aux tergiversations européennes à l’adhésion de la Turquie qui, par le passé, se contentait de commercer avec les pays du G9. Sur le plan économique, les entreprises turques dépassent très rarement la taille de PME. L’Etat leur accorde une attention particulière et un soutien important. Durant la FIA, nous avons visité le stand de l’entreprise FONTEX qui produit des membranes d’étanchéitémonocouche et bicouche. Un système qui facilite l’installation et remplace le réchauffement avec cocotte par un réchauffement au chalumeau. L’usine n’a que 4 ans d’âge et, grâce au soutien de la société des foires MERIDYEN et du ministère du Commerce, qui rembourse 80 %de tous les frais, l’entreprise est déjà dans une optique d’exportation. Le directeur de FONTEX a trouvé sa participation très intéressante : «Nous avons trouvé des distributeurs potentiels pour Alger, Constantine, Oran et El Oued. Je suis plutôt satisfait.»

Réciprocité des intérêts
L’Algérie, dont les positions sur les questions internationales se rapprochent de celles de la Turquie, tend à renforcer ce lien qui a, jadis, existé durant 315 ans d’histoire commune. L’intérêt économique est une motivation dominante ; le contrat d’approvisionnement en GNL signé avec la Turquie, pour quatremilliards demètres cubes par an, arrivera à échéance en 2014. L’Algérie souhaite poursuivre l’exportation de GNL et en augmenter le volume.

Les imperfections de la FIA
Des 200 entreprises turques en activité en Algérie, 30%oeuvrent dans le secteur de la construction et du bâtiment. Si nous prenons ce taux en référence, nous conclurons que les entreprises de Btp turques étaient sous-représentées. Sur les 65 participants, elles se comptaient sur les doigts d’une seule main. Mais cela est compréhensible au vu du succès du Batimatec qui a drainé une forte participation des entreprises turques. Un chef d’entreprises en Btp nous a confié sa déception : «Je pense que la FIA manque d’organisation : jeme trouve entre le stand de biscuits et celui de tapis ! Ce sont des stands qui attirent les familles. Résultat : je ne peux actionner mes machines pour mes clients potentiels pour des raisons évidentes de sécurité.» Il ajoute : «Je ne dis pas qu’il faut interdire l’accès aux familles mais plutôt regrouper les stands ou les pavillons de façon à orienter deux foules distinctes : celle des professionnels et celles des familles.» Même remarque concernant le parking : «Les exposants ont droit à l’accès mais ils doivent suivre la file des visiteurs et passer une demi-heure dans l’encombrement ! Il faudrait réviser les accès !» Il nous racontera cette anecdote qui se répète sous ses yeux : «Vous voyez ce grand stand ? Cette entreprise demachines à presse n’a pas pu récupérer sa marchandise du port ; donc, elle visionne ses produits sur un écran LCD. Mais comme les stands ne sont pas regroupés par nature, les familles n’arrêtent pas de venir s’attabler dans son stand pour commander du café et certains demandent le prix du LCD[rires].»

Dorçe : des hôtels 3 étoiles préfabriqués
Dorçe est une entreprise qui active dans l’industrie de la construction et du bâtiment préfabriqué.Avec un chiffre d’affaires de 6 milliards euros en 2010, l’entreprise dispose d’une importante capacité de production : 80 000 m2/mois, ce qui représente quelque 1 000 logements par mois. Fevzi Kaplan, directeur général de l’entreprise, nous informe que «Dorçe est leader en Turquie, et il est n°1 en Europe concernant les habitations préfabriquées». Nous faisons remarquer qu’en Algérie, Dorçe n’est pas une entreprise connue.M.Kaplan nous répond spontanément : «Nous sommes connus par nos clients, et c’est pour eux que nous sommes venus en Algérie. Par exemple, BP nous a sollicités pour ériger des bases de vie, et nous avons réalisé un projet d’un camp de 700 travailleurs à Aïn Aménas.» M. Kaplan nous présente une autre facette du métier de l’entreprise : «Nous construisons aussi des bâtiments en montage de béton ; c’est un produit plus fort qui dure 50 ans avec notre garantie.» L’entreprise dispose réellement de bonnes références au vu de son riche catalogue de réalisations : des postes de police dans les pays du Golfe, des stations de contrôle technique en Turquie, des cités résidentielles et des villas aux Emirats arabes unis, des écoles, des hôpitaux, des prisons et même un hôtel 3 étoiles préfabriqué à Oman.

NETMAK : «Nous cherchons des représentants.»
A notre surprise, FevziKaplan exerce aussi la fonction de coordinateur général région Afrique au sein de la société NETMAK dont il est membre du conseil d’administration. Fondée en 1961, cette entreprise commercialise les appareils de levage, les crics et les équipements hydrauliques, les plates-formes de levage et accessoires. «NETMAK est propriétaire de la marque NETLIFT spécialisée dans le matériel de manutention.» Présente dans 49 pays, la marque est «leader en Europe : nous lui fournissons 15 000 transpalettes et 12 000 nacelles par an». Sur ses objectifs de participation à la FIA, il nous confie : «Notre but pour cette première participation est de trouver des représentants, et nous sommes en pourparlers avec quelques entreprises.» Ce qui attire des entreprises comme NETMAK dans la conquête dumarché algérien est «l’énorme potentiel du pays et le soutien de l’Etat à l’industrie et à l’investissement », nous déclare-t-il.

N. H.

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