Il est vrai que la Pologne reste un pays moins visible sur le marché algérien comparativement aux autres de l’Europe de l’Ouest. Cependant, et selon M. Maciej Kowalski, deuxième secrétaire à l’ambassade de Pologne chargé du service de la promotion du commerce et des investissements, les raisons sont simples : « Notre pays avait d’autres objectifs à atteindre ces 20 dernières an- nées, comme par exemple son intégration à l’Union européenne et surtout la réussite de la transformation économique pour passer d’un marché dirigé vers un marché libre. » Et de poursuivre : « Si nous n’avons pas participé au programme d’infrastructure en Algérie lancé lors du plan quinquennal, là encore une fois, on a été beaucoup plus préocupés par l’organisation de la Coupe d’Europe des nations (l’Euro 2012 co-organisée avec l’Ukraine) pour la construction des stades, des aéroports, des autoroutes et des infrastructures hôtelières. Après cela, et avec le financement de l’Union européenne, nous avons réalisé plu- sieurs autres projets chez nous, ce qui veut dire que c’était très important comme plan de charge, et que nos entreprises ne pouvaient pas prendre d’au- très marchés à l’extérieur, car il faut plus de capacités. Maintenant qu’on a honoré tous nos engagements, nous cherchons évidemment d’autres marchés et des partenaires de choix. » Sur la même lancée, M. Kowalski nous annonce que le ministère de l’Economie de son pays a décidé de lancer un programme spécial de promotion des deux pays, avant de nous préciser que l’Algérie est moins connue en Pologne, donc c’est une occasion de se faire connaître mutuelle- ment.
La Pologne a donc décidé d’opter pour une stratégie assez agressive en matière de pénétration de marché, puisqu’elle participe à 9 salons et foires aux niveaux national et régional. Plu- sieurs domaines les intéressent : construction d’aluminium et de verre, menuiserie en PVC, mobilier urbain, construction métallique, ouvrages d’art et habitat… Fort de leur expérience acquise lors de la reconstruction de leur capitale, détruite à 80% lors de la Seconde Guerre mondiale, aujourd’hui Varsovie donne l’image d’une ville qui n’a jamais connu ni destruction ni guerre. Ainsi, la restauration des bâtisses est devenue leur spécialité. Cet argument est aussi une conviction, puisque les Polonais misent beaucoup sur le programme de restauration du patri- moine colonial en Algérie. Les sources indiquent que ce programme gouverne- mental est constitué de 1 700 bâtiments à Oran et 12 500 à restaurer à Alger.
Le savoir-faire polonais en la matière à déjà fait son entrée avec la réalisation des expertises à la Casbah d’Alger et, notamment, au Palais du Dey. Cette année 2013 s’annonce comme l’étape première d’un lancement de la promotion des sociétés polonaises sur le marché algérien afin de réaliser des partenariats dans un pays non touché par la crise, contraire- ment aux pays membres de l’UE, avec qui les entreprises polonaises réalisent 80% de leurs chiffres d’affaires. La stratégie des Polonais aujourd’hui, selon notre interlocuteur, est tirée d’une seule conviction, à savoir qu’entre la Chine et l’Europe de l’Ouest, il y a la Pologne.
M. C.