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M. Lyès Kerrar, président-directeur général de Humilis Finance
Les entreprises doivent comparer les alternatives de financement et faire jouer la concurrence

BTP Algérie : Quel est le chiffre d’affaires actuel de l’activité leasing en  Algérie  ?  Comment  ce  niveau d’activité se compare-t-il à celui des pays voisins ou comparables. ? Quel est son rythme de progression ? Com- ment estimez-vous son potentiel de développement ?

M. Lyès Kerrar : Le volume du leasing a atteint 20 milliards DZD (200 millions euros) en 2009, selon des données sectorielles disponibles et nos estimations. Entre 2007 et 2009, cela représentait un rythme de croissance annuel de 17%. L’essentiel de ce chiffre d’affaires est réalisé par un petit nombre d‘entreprises privées qui sont soit des banques soit des établissements financiers spécialisés.

En dépit de cette croissance rapide, le marché  reste,  cependant,  embryonnaire, si l’on compare ces volumes au potentiel du marché. Notre estimation de la demande potentielle en leasing, basée sur deux méthodes d’analyse qui se recoupent, montre que l’offre actuelle de leasing est très en deçà de la demande potentielle. Nous estimons que le marché du leasing a le potentiel de dépasser les 5 milliards Usd à l’horizon 2020. Ces données sont résumées dans les schémas ci-dessous qui sont extraits d’une étude de marché réalisée par Humilis Finance en 2010.

Quels sont les obstacles qui subsistent encore et qui sont de nature à retarder le développement de cette activité en Algérie ?

Il convient d’abord de souligner que le leasing a bénéficié en Algérie de nombreuses dispositions fiscales et réglementaires avantageuses. Au plan fiscal, depuis la loi de finances complémentaire pour 2002 jusqu’à la loi de finances de 2008, les différentes adaptations ont porté sur :

  • L’assiette fiscale de la TAP dans le cadre du leasing ;
  • Les droits de transmission et d’enregistrement des transactions immobilières    dans    le    cas    du    leasing immobilier ;
  • La durée d’amortissement des investissements pour les sociétés de leasing   ou   établissements   bancaires pratiquant du leasing ;
  • La valeur résiduelle comme assiette fiscale ;
  • Le non-paiement de la TVA pour les biens et équipements acquis par les sociétés de leasing ;
  • La neutralité du leasing par rapport aux avantages ANDI et autres avantages accordés par l’Etat dans le cadre de la promotion de l’investissement ;
  • Le traitement, au plan fiscal, du lease back comme opération financière et non commerciale ;
  • La reconnaissance de l’amortisse- ment financier comme amortissement fiscal pour les sociétés de leasing.

En moins d’une décennie, l’environnement fiscal du leasing a donc connu de profonds changements qui vont dans le sens de l’encourage- ment de cette activité…

Aujourd’hui la contrainte principale se situe dans l’offre de leasing. L’industrie a besoin de plus d’acteurs sur le marché,   et   donc   d’un   processus d’agrément de nouvelles sociétés de leasing plus fluide et attractif. La création depuis 2011 de filiales spécialisées  par les banques publiques est un pas dans la bonne direction. L’atrophie du marché financier algérien est une autre contrainte importante. Le développement du marché obligataire est nécessaire pour permettre aux sociétés de leasing de financer leur croissance.

Les taux d’intérêt pratiqués par les sociétés de leasing sont jugés très élevés par les clients effectifs ou po- tentiels de ces établissements financiers ; partagez-vous ce point de vue ?

Si on compare le coût du finance- ment d’un équipement par le leasing à un prêt bancaire, il est effectivement généralement plus élevé. Les sociétés de leasing basent leur offre sur les avantages comparatifs qu’elles proposent : un traitement et une décision généralement plus rapide et une fiscalité plus avantageuse. D’autre part, les sociétés de leasing ne récoltent pas de dépôts des particuliers et doivent se refinancer. Leurs ressources leur coûtent plus cher qu’aux banques.

S’il y a un conseil à donner aux entre- prises du secteur du BTP pour le financement de leur équipement, c’est de comparer les alternatives qu’elles ont et de prendre leur décision. Et pour cela, il faut se poser deux questions simples.

  1. Quels sont les actifs que je veux financer ? Le leasing est adapté au matériel standard, c’est-à-dire au matériel qui peut se revendre : véhicules, camions, matériel de BTP courant,    etc.    C’est    sur    ce    type d’équipement que la décision de la société de leasing peut être rapide, et sur lequel  le  client  peut  faire  jouer  la concurrence en sollicitant des offres de plusieurs organismes. S’il s’agit d’un équipement qui n’est pas standard, le processus va, d’une matière ou d’une autre, ressembler à celui de l’octroi de crédit avec éventuellement des cautions ou garanties.
  2. Ai-je accès au financement bancaire ? Les grandes entreprises qui ont un accès plus facile aux financements bancaires peuvent plus naturellement comparer le coût du leasing à celui du financement bancaire. Pour celles qui ont un accès plus difficile, si elles ont besoin de financer rapide- ment des équipements (pour un nouveau  contrat  par  exemple),  il  est préférable  qu’elles  optimisent  leur temps en essayant d’obtenir des offres de   plusieurs   sociétés   de   leasing qu’elles pourront comparer.

Hassan Haddouche

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