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Michele Giacomelli l’ambassadeur d’Italie à Alger
L’Algérie, une destination de grand intérêt pour un enracinement productif

L’histoire des relations algéro-italiennes remonte à l’époque où les premières embarcations commencèrent à sillonner la Méditerranée et se sont renforcées durant le demi-siècle qui a suivi l’Indépendance, aussi bien sur le plan des échanges commerciaux que sur l’implication des entreprises italiennes dans l’accompagnement des plans de développement et de construction de l’Algérie, comme nous le fait savoir dans cet entretien Son Excellence Michele Giacomelli.


 

BTP matériels Algérie : L’Algérie vient de fêter le 50e anniversaire de son indépendance ; pouvez-vous nous faire une rétrospective des relations bilatérales entre l’Algérie et l’Italie et comment se sont-elles matérialisées sur le plan économique ?

Michele Giacomelli : L’histoire des rapports entre l’Italie et l’Algérie est une histoire millénaire qui remonte à l’époque où les premières embarcations commencèrent à sillonner la Méditerranée. En 2012, l’Algérie célèbre ses premiers 50 ans d’Indépendance, un objectif gagné au prix de durs sacrifices et d’une lutte longue et douloureuse. Derrière ces cinquante premières années, il y a une histoire assez riche de rapports entre les deux peuples, des rapports sociaux, économiques, culturels et scientifiques. De l’époque phénicienne à celle romaine, des dynasties arabes à l’ère ottomane et puis à la période coloniale, il y a un flux ininterrompu de relations et d’échanges entre la péninsule italienne et le territoire qu’est aujourd’hui l’Algérie. Ce n’est donc pas étonnant qu’avant même la proclamation de l’indépendance en 1962, la question algérienne s’était imposée à l’attention du Gouvernement et de l’opinion publique italiens. Dans le contexte d’un rapport politique toujours excellent, les relations économiques italo-algériennes peuvent vanter une tradition solide, dont le lien énergétique a constitué et constitue jusqu’à présent un élément central. Sur le plan économique bilatéral, l’Italie est liée à l’Algérie, depuis 2003, par un traité d’amitié et de coopération qui représente un développement naturel de nos projets politiques, économiques, sociaux et culturels. C’est aussi un mécanisme qui permet différentes consultations entre nos deux pays.

Un demi-siècle de relations entre les deux pays ; quel état des lieux peut-on faire de la contribution de l’Italie dans la construction de l’Algérie ?

En un demi-siècle de relations bilatérales, les secteurs dans lesquels a contribué l’Italie à la construction de l’Algérie ont concerné surtout l’énergie, la formation et les infrastructures. La collaboration de l’Italie dans le secteur de l’énergie s’est développée au cours des temps autour des pôles des infrastructures, de la recherche, de l’exploitation et de la production des hydrocarbures. Très important a été, notamment, le transfert de connaissances, véritable trait distinctif de la contribution italienne à la construction de l’Algérie indépendante. Un autre axe important de cette contribution a également concerné les grands travaux. En effet, en Algérie, certains grands ouvrages civils qui caractérisent le paysage urbain et rural «parlent italien» : le port de Djen Djen, de nombreux barrages, des routes, des raccordements hydriques, des ouvrages d’art comme le viaduc de Bouira, le plus haut de toute l’Afrique, et, plus récemment, des lignes ferroviaires de nouvelle construction. Aujourd’hui, sur les nombreux chantiers italo-algériens, il y a une deuxième génération de dirigeants et de techniciens algériens qui ont bénéficié sur le terrain, souvent à travers des formations et stages en Italie, de l’apport de leurs homologues italiens.

En d’autres termes, quelle est la fierté des réalisations italiennes en Algérie ?

La fierté des réalisations italiennes en Algérie est sans doute le gazoduc Transmed, réalisé à la fin des années 70 et inauguré en 1983. Connu sous le nom de «gazoduc Enrico Mattei», celui-ci traverse aujourd’hui 850 cours d’eau, 67 lignes ferroviaires, 181 entre routes et autoroutes et 1 640 routes départementales.

Y a-t-il des projets qui auraient pu gagner à être réalisés pour les deux parties mais qui n’ont pas pu aboutir ? Loin d’évoquer le cas de la voiture italienne made in Alegria (Fatia)…

Je suis arrivé en Algérie en janvier, et en ces quelques mois, j’ai eu l’occasion de connaître de nombreuses initiatives économiques et des collaborations entre les entreprises des deux Pays… Heureusement toutes progressent très bien ! Je sais bien que dans le passé, il y a eu des initiatives qui, bien que prometteuses et bien lancées, pour une raison ou une autre, ne se sont pas réalisées, mais je crains que ce soit un élément physiologique même dans le cadre d’une relation économique vivace et dynamique, comme l’est depuis toujours celui entre l’Italie et l’Algérie. En outre, il est important d’apprendre de l’expérience passée, en se concentrant, cependant, toujours sur l’avenir.

Le contexte est plus favorable au partenariat, la tendance est plus forte depuis 2 ans ; qu’en est-il pour les entreprises italiennes en Algérie et quelles sont les opportunités saisies jusque-là ?

Il y a de nombreux projets en cours et d’autres en phase préliminaire que nous espérons pouvoir réaliser dans le futur proche. Dans le secteur de la construction, outre les nombreux partenariats entre entreprises de construction italiennes et algériennes pour la réalisation de projets individuels, je voudrais rappeler quelques importants investissements productifs, tels que celui de Buzzi Unicem dans le domaine de la production de ciment et d’autres PME italiennes dans la production d’acier et de matériaux de construction.

Depuis peu, on a constaté une forte présence des entreprises italiennes aux divers évènements économiques (Fia, Batimatec). Le dernier Batimatec a été le théâtre de cette démonstration du savoir-faire italien ; quelles sont les opportunités d’affaire que peuvent saisir les entreprises locales ou italiennes dans le cadre réglementaire actuel, notamment dans les secteurs du bâtiment, des travaux publics, du transport et industriel ?

La présence de l’Italie a toujours été forte et de qualité, elle s’est accrue ces dernières années aux salons spécialisés tels que Djazagro, Batimatec et Sitp. Pour ces 3 salons, la superficie et le nombre des entreprises exposantes ont plus que doublé. Cela démontre, pour répondre à la deuxième partie de la question, l’intérêt des entreprises italiennes au marché algérien mais aussi aux possibilités de partenariat qui s’imposent dans certains domaines. Les typologies de produits exportés par l’Italie, qui sont constitués dans leur majorité de biens d’équipements industriels pour les matériaux de construction, de l’industrie agro-alimentaire et de l’industrie manufacturière, attestent d’une relation avec le marché qui ne peut être que durable. Avec tout ce que cela implique comme transfert de technologie, suivi et formation, font que la perception du marché algérien par l’Italie n’est pas exclusivement commerciale. Les entreprises italiennes dans le secteur des travaux publics ont de tout temps été présentes en Algérie, en participant à la réalisation de grands projets (routes, autoroutes, ponts, tunnels, barrages, etc.). Cela a été réalisé en partenariat avec les entreprises algériennes et de surcroît avec une main-d’œuvre algérienne.

Aux termes des projets énoncés dans les programmes de réalisations planifiés et étalés à l’horizon 2025, quelles sont les possibilités ou opportunités que pourraient concrètement saisir les entreprises italiennes et algériennes dans un cadre très concurrencé par l’Asie ?

2025 est un horizon à moyen terme. Par rapport à celui-ci, certains projets ont déjà été planifiés, tandis que pour d’autres, nous ne pouvons que spéculer sur la base de l’intérêt manifesté par l’Algérie et l’Italie. Parmi les projets déjà définis, nous pouvons rappeler la construction du gazoduc GALSI, qui reliera l’Algérie à la Sardaigne, et il est très probable que dans un horizon de moyen terme soit également réalisée une connexion électrique entre nos deux Pays. Le secteur des énergies alternatives est un de ceux où de nombreuses opportunités de coopération industrielle s’ouvriront dans les prochaines années avec celui de l’agro-industriel, outre bien sûr le renforcement des partenariats traditionnels dans le secteur de la construction et de la mécanique.

Compte tenu du contexte de crise mondiale et des coûts énergétiques élevés, y a-t-il des entreprises italiennes qui ont manifesté un intérêt de délocalisation sur le marché algérien ?

Il ne fait aucun doute que les coûts compétitifs de l’énergie représentent un important atout de l’Algérie pour les investisseurs étrangers en général et italiens en particulier, toutefois, l’avantage dans les coûts n’est seulement qu’un des facteurs évalués par les entreprises dans les choix d’entreprendre des activités productives à l’étranger. Le concept même de délocalisation a fait l’objet d’une refonte majeure en Italie ces dernières années. Si dans un premier temps les entreprises ont pensé pouvoir faire face à la concurrence de pays à faibles coûts en transférant la production à l’étranger, aujourd’hui elles se sont rendues compte que la stratégie doit nécessairement être plus diversifiée et inclure l’amélioration continue du produit, grâce aux investissements dans la recherche et le développement, et un plan rationnel pour l’internationalisation. Dans cette nouvelle logique, l’Algérie se présente comme une destination de grand intérêt pour un enracinement productif à travers le développement de partenariats solides avec des associés locaux, visant au développement commun sur les deux côtés de la mer.

Quelles sont les perspectives pour les entreprises italiennes en Algérie, notamment dans le BTPH ?

Les perspectives pour les entreprises italiennes dans le secteur du BTPH sont intimement liées à la conjoncture locale et au rythme des réalisations algériennes en termes de grands travaux d’infrastructures. Les sociétés italiennes sont prêtes à accompagner leurs homologues algériennes et l’ont toujours fait. Les avantages dont dispose l’Italie par rapport à ses concurrents sont la connaissance parfaite du marché algérien, la proximité et la qualité des travaux réalisés auparavant. Ce sont autant d’atouts qui font que les perspectives ne peuvent être que meilleures.

Idem pour les entreprises algériennes, quelles sont les perspectives possibles à saisir en Italie ?

Comme vous le savez, l’Europe et l’Italie ont été durement touchées par la crise. Cela a conduit les gouvernements à mettre en œuvre d’importantes mesures pour sauvegarder les finances publiques et relancer la croissance économique. En particulier, en Italie, les efforts sont en train de se concentrer sur les libéralisations, les réformes du marché du travail et la relance des infrastructures. Nous sommes confiants que ces mesures pourront bientôt relancer notre économie et cela offrira des perspectives même pour les entreprises algériennes.

Karima Alilatene.

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